Page 51 - Livre électronique des RFTP 2025
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P11. ASTHME PEDIATRIQUE EN TUNISIE : TENDANCES
EPIDEMIOLOGIQUES ET INFLUENCE DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
HELA CHERIF, HAIFA BEN ROMDHANE, SOUMAYA DEBICHE, GHADA BEN REJEB, SALMA
MOKADDEM, MARIEM TRIKI, FERDAOUS YANGUI, MOHAMED RIDHA CHARFI
SERVICE DE PNEUMOLOGIE, HÔPITAL DES FSI, LA MARS, TUNISIE
Introduction : L'asthme chez l'enfant représente un enjeu majeur de santé
publique, et son évolution au fil des décennies peut témoigner de modifications
environnementales notables. Cette étude vise à analyser l'évolution
épidémiologique des caractéristiques cliniques et allergéniques de l'asthme
pédiatrique en Tunisie sur la période 1992-2022 et à examiner l'impact des
changements climatiques sur ces paramètres.
Méthodes : Il s'agit d'une étude rétrospective, descriptive et analytique, portant sur
les dossiers des patients de moins de 16 ans ayant consulté pour asthme entre 1992
et 2022 au sein de l’unité d’allergologie de l’hôpital FSI, La Marsa. Les données
météorologiques ont été extraites d’une base en ligne à partir des relevés de la
station Tunis-Carthage. L’analyse épidémiologique repose sur la comparaison de
trois périodes distinctes : D1 (1992-2001), D2 (2002-2011) et D3 (2012-2022).
Résultats : L’étude a inclus 2 754 enfants, avec un âge moyen de 7,34 ± 3,5 ans et
un sex-ratio de 1,39. Un antécédent familial d’atopie a été retrouvé chez 61,72% des
patients, principalement les apparentés de 1er degré (74,94%). Les tests cutanés se
sont révélés positifs dans 62,94 % des cas. Les acariens étaient les allergènes les
plus fréquemment impliqués (68,83 %), suivis des pollens (34,75%). Une diminution
de la sensibilisation aux acariens a été observée, passant de 74% en D1 à 64 % en
D3, tandis qu’une augmentation significative de la sensibilisation aux pollens a été
constatée, passant de 27,8 % en D1 à 48 % en D3 (p = 0,004). L’asthme isolé
concernait 26,93% des cas, tandis que son association avec une rhinite était
présente chez 47,93% des patients et avec une conjonctivite dans 1,92%. La
combinaison des trois affections (asthme, rhinite et conjonctivite) a été retrouvée
chez 22,7 % des patients, avec une augmentation significative au fil des décennies
(29,3% en D1 contre 36,6% en D3 ; p = 0,001), tandis que l’association asthme-rhinite
est restée stable (p = 0,002). L’analyse de l’influence des variations climatiques
durant la saison automne-hiver a révélé qu’une augmentation de 1% de l’humidité
relative moyenne était associée à une baisse de 4 % du risque de survenue de
l’asthme (OR = 0,96 ; IC95% = [0,94–0,98]). Par ailleurs, chaque augmentation de 1
km/h de la vitesse du vent entraînait une réduction de 5 % du risque d’asthme (β =
–0,05 ; p = 0,017 ; OR = 0,95 ; IC95% = [0,92–0,99]). En revanche, la température
moyenne n’a pas montré d’association significative. Durant la saison printemps-été,
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